Témoignage de Marcel Gauvreau

Rien n’est impossible

Voici comment un expert en réadaptation a transformé ma vie

Il y a longtemps, à 4 ans, j’ai attrapé la poliomyélite. On m’a donc vite envoyé à l’hôpital Pasteur (aujourd’hui disparu), à Montréal. Pendant neuf mois, j’ai été paralysé du cou aux pieds. Personne ne savait si j’allais retrouver mon corps d’avant. Au bout de quatre mois, j’ai réussi à bouger un index. J’ai alors été suivi en physiothérapie intense pendant deux mois et demi. Résultat : nous avons réussi à réactiver mes bras, mais pas mes jambes.

J’ai eu la chance d’être soigné par LE spécialiste de la réadaptation au Québec à cette époque, le Dr Gustave Gingras. L’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal a d’ailleurs été nommé en son honneur. Ce médecin a changé le cours de ma vie et m’a convaincu que rien n’est impossible.

Autre époque, autres mœurs

Puisque ma famille habitait dans une région où les services de réadaptation n’existaient pas, ma mère s’en est occupée. Vers 5 ou 6 ans, on m’a installé mon premier corset afin d’améliorer le maintien de ma colonne et de diminuer mes douleurs au dos. L’orthésiste Camille Corriveau, sommité au Québec et au Canada dans ce domaine, a fabriqué l’appareil et tous les autres corsets que j’allais porter dans les huit années suivantes. 

Privé de mes jambes, j’étais confiné à un fauteuil roulant. Mes parents n’avaient pas les moyens de payer pour ce dernier, et l’Assurance maladie du Québec n’existait pas. C’est donc la  qui me l’a donné. Il était fréquent que les œuvres caritatives offrent de l’équipement aux personnes handicapées.

Les écoles n’étaient alors pas adaptées pour les enfants en fauteuil roulant. Je devais donc suivre des cours particuliers. Toutefois, le Dr Gingras a convaincu mes parents de m’envoyer à l’école. Pour lui, il n’y avait aucune raison que je ne sois pas éduqué comme les autres enfants afin de jouir d’une vie normale.

À une époque où être handicapé signifiait dépendre de la société, le Dr Gingras était certain qu’il est possible d’avoir le potentiel et les outils nécessaires pour vivre une vie comme les autres. Cette philosophie, il me l’a transmise et c’est grâce à elle que j’ai cru en mes capacités et en mes forces. Ainsi, je suis allé à l’université, j’ai obtenu un diplôme en droit et un autre de HEC Montréal, je me suis marié et j’ai fondé une famille.

 

« Ne jamais abandonner et se concentrer sur les capacités restantes plutôt que sur celles perdues », disait souvent le Dr Gingras.

Au fil des ans, j’ai dû me faire opérer trois fois à la colonne, dont une pour y insérer une tige de métal. Cette dernière m’a bien servi pendant une vingtaine d’années. Toutefois, par la suite, j’ai commencé à éprouver de fortes douleurs au dos.

J’ai donc dû me faire opérer de nouveau. Après une hospitalisation d’un mois, on m’a admis à  l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal pour que je reprenne la masse musculaire nécessaire à mon autonomie.

Les soins reçus furent intenses, mais extraordinaires. J’en profite pour remercier l’équipe en place à cette époque de m’avoir redonné mon autonomie.

Vos dons à la Fondation RÉA aident justement les bénéficiaires à surmonter ce qui leur semble impossible et à leur redonner une vie fonctionnelle.

 

Marcel Gauvreau
Atteint de la poliomyélite à l’âge de 4 ans

 

Deux professionnels d’exception

Durant toute sa carrière, le Dr Gustave Gingras, surnommé « M. Réadaptation », a défendu les gens atteints d’un handicap physique. Il a réclamé une loi pour faciliter leur intégration dans le système scolaire et le marché du travail. Ses efforts ont laissé une marque indélébile et ont amélioré l’inclusion des personnes handicapées aujourd’hui. Dans le monde, on reconnaît le Dr Gingras comme « l’ambassadeur des personnes handicapées ».1

Camille Corriveau a fondé et dirigé l’École de prothèses et d’orthèses du Québec. Aussi, il a fondé le Conseil canadien de la certification des prothésistes et orthésistes, et a été un grand promoteur de la recherche, de l’évaluation et de l’éducation dans ce domaine. Il a été chef du Laboratoire de prothèses et d’orthèses à l’Institut de réadaptation de Montréal de 1957 à 1982.2

 

Sources :

  1. Temple de la renommée médicale canadienne
  2. Gouverneure générale du Canada